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1915 - Le paquebot "La Champagne", une histoire romanesque.


1895 ? Le Paquebot "La Champagne" (c) LOC, Washington D.C.

En 1884, la Compagnie Générale Transatlantique met en chantier quatre navires-jumeaux destinés à concurrencer les compagnies maritimes étrangères exploitant la manne transatlantique. Achevés en 1886, ils ont eu l'insigne honneur d'être baptisés au nom de quatre grandes régions françaises : La Bretagne, La Gascogne, La Bourgogne et La Champagne.


On imagine aisément la fierté des chantiers de Penhoët, Saint-Nazaire (44), quatre navires en acier de 150 mètres de long et 6726 tonneaux, propulsés par des machines à vapeur de 9000 chevaux pouvant pousser jusqu'à une vitesse de 17 nœuds.


A l'identique de ses trois jumelles, La Champagne est dédiée au service Le Havre-New-York. Cette rotation sur quatre navires permettait à la CGT de s'imposer face à la concurrence étrangère. Bien loin des paquebots de luxe des années 1920, la ligne Le Havre-New York était celle de ces millions de migrants européens rêvant d'Amériques, de nouveau départ ou de fortune. En 1914, la Grande Guerre réoriente les priorités des missions de ces navires : le fret et le transport de troupe guadeloupéenne vers le front métropolitain.


La Champagne, a eu le mauvais œil tout au long de sa carrière...


Il semble que lors de son baptême, au champagne bien entendu, le transatlantique n'ait pas voulu glisser vers l'eau... Ce qui fait dire à l'humoriste Diabolo : "Mais c'était La Champagne, et, quand on porte un pareil nom, tout s'explique, même si l'on est bateau."(1)


Un an après sa mise en service (7 mai 1887), chargée d'émigrants italiens, au large de Barfleur, elle entre en collision avec le paquebot Ville de Rio de Janeiro. Elle est contrainte de s'échouer sur un banc de sable, puis renflouée et remorquée jusqu'à Saint-Nazaire. (Le Monde Illustré, 11 mai 1887)


En 1898, elle subit une grave avarie machine et dérive pendant cinq jours dans l'Atlantique avant d'être secourue et remorquée.


En 1905, usée par les rotations intensives, elle est retirée de la ligne Le Havre-New York pour celle du Mexique.


En 1912, au large de Lisbonne, elle entre en collision avec le Desna, cargo anglais de la la Royal Mail Cie.


Le 28 aout 1914, La Champagne est inscrite comme vaisseau de guerre français (J.O. 28 août 1914, p.7.774)


Le 5 septembre 1914, quelques semaines après le début de la Grande Guerre, le canonnier Eugène Bocquet du 15e Régiment d'artillerie de campagne, décède « à bord du vaisseau La Champagne, blessures de guerre », sans plus de mention...


Le 19 janvier 1915, sur le trajet de retour du Mexique, un espion allemand chargé de faire sauter La Champagne, est démasqué. (journal l'Union Nationale, 11 février 1915)



Enfin quatre mois plus tard, en mai 1915, La Champagne est affrétée par plusieurs compagnie. Elle part de Colon (Panama) chargée de 1000 tonnes de café, récupère 909 tirailleurs à la Guadeloupe, entre le 28 mai en rade de Nantes, fait une fausse manœuvre, s'échoue et se casse... Ce sera le dernier voyage de La Champagne.


L'histoire de La Champagne s'avère matière à l'écriture d'un beau roman d'aventures sur fond d'immigration européenne, de commerce du café, d'espionnage et de recrutement des tirailleurs par delà les océans...


(1) Diabolo, Le Baiser. Littéraire, aphrodisiaque et rigouillard, Alger, 13 aout 1907

 


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