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en 1898, la galanterie dans les vignes est sous le parapluie !


Famille de vignerons champenoise sous le parapluie
Le Vigneron Champenois, 1898

En m'interrogeant sur la fréquence et l'utilisation des cabanes de vigne en Champagne, j'ai découvert Le Vigneron Champenois, un tiré-à-part de Raoul Chandon de Briailles, vice-président de la Société des viticulteurs de France et d'ampélographie, extrait de la Revue de viticulture. Ce texte est une réelle étude d'anthropologie sociale et décrit les caractères et les conditions de vie des viticulteurs champenois à la fin du XIXe siècle.


De la page 8 à 18, Chandon de Briailles décrit la femme du vignoble. On y apprend que c'est une femme de caractère, pas coquette pour un sou mais apte à suppléer son mari en tout point, de commander aux ouvriers le cas échéant et nombre d'entre-elles sont chefs de culture (p.13).


On y apprend aussi que les cabanes de vignes étaient le signe d'une relative aisance du propriétaire et que dans bien des cas l'exploitation n'en possédait pas. Les ouvriers s'abritaient donc à la pause du soleil ou de la pluie sous de grands parapluies noirs… Les parapluies de famille.


L'auteur reprend un poème de Victor Mabier :


Le parapluie est un philosophe

Tout ça glisse sous son étoffe,

Il sait qu'il est enfant de l'art...

De l'art d'aimer ; les amants mêmes

Font de leur carquois son étui,

Les soupirs et les stratagèmes

Conquièrent moins de cœurs que lui.


Puis il note :

C'est en effet derrière ce rempart de coton […] que se déroulent de vraies pastorales. Les jeunes gens ne se voient guère qu'aux heures des repas, ils ne s'entretiennent qu'aux moments des repos ou, le soir lorsque, marchant en file indienne le long des sentes, les ouvriers dessinent comme des monèmes serpentant sur le flanc des collines, avant de rejoindre le hameau.

C'est sous ce modeste abri, à l'heure de la sieste, que se projettent les unions devant la famille assemblée ; c'est là que se font les accordailles ; c'est à l'ombre du parapluie que s'échangent les solennelles promesses dont dépendra souvent le bonheur des époux.


De l'art d'aimer ; les amants mêmesure j'emprunte ces longs chemins creux reliant le hameaux aux coteaux, plutôt que de pester pour la survie du carter rappant entre deux ornières gorgées d'eau, j'imagine ces douces promesses qui se sont échangées sur les talus de ces sentes boueuses.


En Catalogne aussi et à la même époque... Le "parapluie de famille" était un argument de séduction.



La légende de cette carte postale est rédigée ainsi :

Le parapluie de famille, meuble précieux, l'en-ca de famille. Sert à abriter les deux jolies filles.


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