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Spécial Liban : La Cave des Ours... Un vin... de pommes

On dit que subsistent des ours de montagne quelque part dans les neiges du Mont-Liban. On dit aussi qu’Adonis, le sulfureux amant d’Aphrodite, aimait y chasser le gros gibier.




Des histoires ? Pas vraiment…

A quarante-cinq minutes au nord-ouest de Beyrouth se niche Kfardebian, une célèbre station de ski et un petit village lovés aux pieds des montagnes du Liban. Certes, ce bourg est habitué à recevoir toutes les têtes huppées de la capitale… Mais ces dernières surnomment les habitants de Kfardebian les ours.


Ce qualificatif fait d’abord référence au caractère taiseux de ces solides montagnards, mais aussi à leur ancienne proximité avec l’ours du Liban, aujourd’hui disparu.



Quant à Adonis Le Phénicien, la légende veut qu’il ait succombé à un accident de chasse à trente kilomètres de Kfardebian. Les hauteurs de ce bourg ont longtemps préservé la mémoire de l’amant d’Aphrodite, preuve en est l’inscription dédiée à celui-ci dans les ruines du temple romain surplombant le village. Est-il l’un des sites majeurs où se déroulaient les fêtes licencieuses du Jardin d’Adonis ?


Terre d’amour…

Sous l’œil d’Adonis, les montagnards on déplacé les rochers et labouré avec ténacité... créant ainsi ces jales, ces vergers dignes des mythes antiques.


Aujourd'hui encore, les pommes de Kfardebian sont parmi les plus prisées du Liban. La géologie et le climat de montagne y sont certainement pour beaucoup. Mais l’élément fondamental qui définit un terroir est l’humain et dans ce village on conserve de génération en génération le temps à faire les choses, avec patience et délicatesse…


Bien loin du tout schuss entre les remontes pentes mécanisés, dans le verger on prend soin de prélever manuellement la pomme de son arbre et de la poser délicatement dans le panier.


Imaginez des pommes juteuses, joufflues, aux couleurs fraîches et franches, l’une bien sucrée, l’autre juste légèrement acide. Les pommes de Kfardebian sont un appel du corps irraisonné, instinctif, vital.


Là, dissimulés entre les rochers, sous un pommier, je suis certain qu’Eve et Adam auraient encore craqué comme des gamins dénichant une boite à bonbons.


… et crise économique.

Nos ours, si mal léchés soient-ils, sont conscients de la valeur de l’héritage ancestral. Derrière ce paysage édénique se cache le quotidien d’une crise économique et sociale perdurant depuis quelques années. Même si nos silencieux montagnards peuvent se transformer en commerciaux incisifs, la réalité est là et les pommes flétrissent.


Il y a cinq ans, Elia El Beainou a eu l’estomac retourné devant ces cagettes de pommes ne se vendant pratiquement plus. Fils et petit-fils de bouilleur d’arak et de propriétaires de vergers, il ne pouvait se résoudre à accepter l’inévitable faillite de l’exploitation familiale.


Pour perdurer, la problématique du stockage et du transport d’un produit agricole périssable devait être dépassée.


Vin des ours

Rassemblant ce qu’il savait faire de mieux : élever des pommes et produire l’arak traditionnel à base de moût de raisin, il se lance dans un pari fou… celui de créer un vin et un arak de pommes, totalement identitaires et inédits. Et tant pour l’arak que le vin vieillir est, à l’inverse des pommes, un sacré bel atout.


Bien lui en a pris. En 2016, après plusieurs centaines d’essais, de tests, de validations, et même de conseils en Normandie, naît la première bouteille de vin… de pommes… de vin de la Cave des Ours.


Même si le savoir faire normand a été invoqué, n’allez pas croire que nous sommes ici devant une déclinaison d’un cidre à la Normande. Dans le flacon repose un vin tranquille, cristallin, sans bulle et titrant entre 12° et 14°.


Un petit secret

Avec beaucoup d’humour et de tendresse, j’aime comparer Elia El Beainou au Dom Pérignon du vin de pommes. En Champagne, ce dernier créait ses vins en goûtant parcelle après parcelles les grappes de raisin puis en assemblait savamment les jus. Au Liban, Elia El Beainou fait de même en goûtant chaque type de pomme et en assemblant leur jus pour donner à son vin sa structure si particulière.


Granny verte pour la verticalité du vin, une pomme rouge pour donner de l’ampleur, une pomme blonde pour donner de la rondeur…


Quant aux proportions, elles dépendent en partie des récoltes, mais n’allez pas imaginer qu'Elia El Beainou nous en dévoile les secrets !


Ah si, peut-être un… A 1500 mètres, ces vrais vergers d’altitude se nourrissent de neige l’hiver et du rude soleil l’été. Ils ne sont pas organisés en terrasses aménagées retenant les eaux de ravinement ou de pluie… Pour compenser ce manque d’eau et cette amplitude du climat, les fruits produisent un peu plus de sucre que dans un verger de plaine ou de coteaux… Chut !


20 000 bouteilles

Aujourd’hui, en 2020, l’entreprise familiale produit maintenant vingt mille bouteilles par an destinées au circuit libanais et à l’exportation. A l’heure actuelle, la Cave des Ours ne dispose pas de distributeur français. Si vous voulez découvrir encore un peu plus ces vins exceptionnels, il convient donc de contacter directement la Cave des Ours (1).


Avez-vous remarqué ? Cave des Ours est en Français… francophilie oblige…


 

(1) https://cavedesours.com



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